Distanciation sociale = bouclier des introvertis?

Le burn out a révélé chez moi une forte anxiété sociale.

Je n'ai jamais été une extravertie et la timidité m'a longtemps accompagnée.

Les interactions sociales ont toujours été sources de stress.

Je me souviens qu'en maternelle, déjà, la garderie était un lieu où je ne me sentais pas en sécurité. Les cours de récréation, la cantine...

Tous les lieux de relations 'informelles' suscitaient, chez la petite fille que j'étais, une appréhension qui se concrétisait par un repli.
Je restais dans mon coin.

A tel point que ma mère m'avait désinscrite de la cantine (les dames s'inquiétaient, je ne mangeais rien) et avait accepté, l'année de mes 6 ans, de me faire confiance et de me laisser seule à la maison les mercredis, au lieu de me déposer à la garderie.

Je lui en suis encore reconnaissante : quel soulagement de couper la semaine, de passer une journée, seule, en sécurité dans mon cocon, sans interaction vécue comme une corvée.



L'entrée dans la vie professionnelle, dans un métier de contacts, m'a permis de mieux vivre les interactions avec autrui et de développer quelques compétences sociales.
Avec des gens de tous milieux, de tous âges.
Mais ce que je ne mesurais pas jusqu'à l'arrêt de travail pour burn out, c'est que c'était un masque, un rôle social. Une protection.
Et quand je n'ai plus eu la force de mettre ce masque tous les matins. Plus eu besoin non plus car en arrêt. Patatras!...

Je mesure ma difficulté à me trouver de la valeur sans mon rôle professionnel.
Suis-je respectable, digne, sans travail?
Je sais intellectuellement que oui.
Mais le ressentir profondément est plus difficile pour moi.
C'est un travail (!) de chaque jour. Sur moi, sur mes croyances limitantes, sur mes discours mentaux, sur mes valeurs...

Je vous conseille d'ailleurs un très bon livre : L'estime de soi, Christophe André et François Lelord.

Pour en revenir à l'anxiété sociale, chez moi, elle se manifeste par :
- la peur d'aller faire mes courses au supermarché de ma ville
- la peur qu'on me voie, qu'on me parle, qu'on me pose des questions
- la peur de voir des gens que je connais

Je ne crains pas la foule si elle est anonyme. Je suis bien quand je passe inaperçue. Je ne 'risque' rien.
Je sais, pour avoir travaillé dessus, qu'il n'est pas juste question d'anxiété sociale.
Syndrome de l'imposteur, peur du regard de l'autre, du jugement... viennent se greffer dessus.
C'est pour cela que je lis 'L'estime de soi'!

La distanciation sociale est donc un bouclier pour moi.
Elle crée un sas.
Une bulle.
Les conversations sont 'empêchées'.
Pas d'intrusion.
Protégée.
J'ai repris plaisir à faire mes courses pendant le confinement.
L’hypervigilance à chaque rayon, la crainte de croiser une connaissance et de ne pas pouvoir l'éviter, ont été nettement diminuées par cette distanciation.

Paradoxalement, j'aime le lien. Comme tout humain, j'en ai besoin. Mais avec modération. Et la distanciation actuelle modère les relations.

Je ne me sens plus obligée de m'arrêter pour faire la conversation. 
Je choisis les interactions que je souhaite avoir en contactant les personnes qui m'apportent de l'énergie positive. Et à qui j'espère en apporter en retour.

La distanciation me permet de prendre de la distance, physique, psychique. Entre les autres et moi, mais aussi de moi à moi. 

Dans toute situation, il existe des bienfaits. Voilà pour moi celui de la distanciation...





Pour aller plus loin... :
Si vous voulez en savoir plus sur la phobie sociale (au-delà de l'anxiété) :

psy-92.net : la-phobie-constitue-t-elle-un-handicap-social/?

Si l'univers des introvertis vous intéresse :

unmondepourlesintrovertis.fr : laurie-hawkes-la-force-des-introvertis/

Si vous avez des enfants ou pour les grands enfants que nous sommes :

unmondepourlesintrovertis.fr : 10-signes-que-votre-enfant-est-introverti/


Un article intéressant sur l'art des conversations informelles :

gestion-des-risques-interculturels.com : lart-de-la-conversation-futile/







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