pour lâcher prise...





Ne me demande pas où se trouve le droit chemin

même si chacun a le sien

personne ne connaît sa route

et c'est la beauté du doute

(...)

Si tu perds un combat

donne à ta vie d'autres chances

personne ne connaît d'avance

tous les parfums que l'on goûte

et c'est la beauté du doute

(...)

(...) on comprendra plus tard ce qu'on nous dit aujourd'hui...



(...) ce que j'écrirai demain, je n'en sais rien...


Et tout le monde s'en fout #25 - L'échec -





Aux Etats-Unis, les expériences soldées par des échecs sont valorisées dans les CV. Et si en France on l'envisageait sous cet angle?...

De l'hypervalorisation du travail...

T'as repris le boulot??

Question fatidique, pour moi, qui m'a été posée pas plus tard que cet après-midi. Je suis allée à une séance découverte d'aquaphobie. 

But : vaincre ma peur de l'eau. J'ai fait un lumbago il y a deux mois, et pour muscler le dos, l'idéal serait la natation. 

Problème : j'ai peur de mettre la tête sous l'eau et de me noyer. 

Action : prendre des cours pour vaincre cette peur pour pouvoir apprendre à nager pour pouvoir muscler mon dos pour éviter un nouveau lumbago. Ouf! 

Comme le dit la Sécu, contre le mal de dos, le traitement c'est le mouvement!


Bref, j'étais à la piscine, je sortais du bassin, toute contente d'avoir réussi à mettre la tête sous l'eau au premier cours. 

Et là, une dame qui connaît mes parents me pose LA question : 'T'as repris le boulot?' 
Et moi, comme d'habitude, au lieu d'éluder ou tout au moins couper court, je me perds dans un flot de paroles et je réponds sagement à toutes ces questions, comme si je devais me justifier de quoi que ce soit. 
C'est là que je réalise que j'ai encore du travail dans ma relation à moi-même quand autrui intervient. 


J'ai quand même passé un bon moment, même si la joie d'avoir réussi mon défi aquatique a été écourtée par le stress de reparler de mon passé professionnel et d'évoquer un avenir encore très flou pour moi. 

Certains posent la question pour prendre sincèrement des nouvelles je pense. 
D'autres pour faire la conversation. 
D'autres pour juger de l'utilité sociale ou non de la personne qui ne travaille pas. 

Voilà mon ressenti. Est-ce que FAIRE c'est ETRE? 

Et donc NE RIEN FAIRE, c'est NE RIEN ETRE (ou N'ETRE RIEN)? C'est violent comme question. 


J'ai le souvenir d'une amie qui était célibataire, sans enfant et sans emploi. Elle me racontait il y a quelques années qu'elle était à Pôle Emploi pour s'inscrire. 
Suite aux questions de la conseillère sur sa situation familiale et professionnelle, elle avait eu cette réflexion et l'avait partagée : 'Je ne suis ni épouse, ni mère, ni employée et pourtant j'existe, je suis devant vous. Alors qu'est-ce qu'on fait?'
C'est très parlant je trouve. 
Quand on n'entre pas dans des cases prédéfinies, ça peut être perturbant. 
Mais perturbant pour qui? Pour soi? Pour les autres? 


Qu'est-ce que me renvoie cette question 't'as repris le boulot?'? 
Pourquoi j'y accorde autant d'importance? 
Pourquoi j'y accorde de la valeur? 
Pourquoi et en quoi elle résonne avec l'image que j'ai de moi et avec la valeur que je m'accorde? 

Je pense qu'il y a un lien avec ma croyance : 'ne pas travailler, c'est être fainéant'. Mais je projette car tout le monde ne partage pas cette croyance qui m'appartient. 
Le fait d'être issue du milieu ouvrier et d'en partager les valeurs entretient cette croyance. A moi de m'en défaire, me détacher de ce conditionnement sans en renier les valeurs qui me sont chères.  

Alors non je ne travaille pas mais oui je suis toujours moi, je n'ai pas perdu ma valeur, car ma valeur ne se situe pas dans le travail que je fais. 
Je suis ce que je suis, pas ce que je fais. 
Reste à l'intégrer...

Burn out en mal de reconnaissance - Vidéo LCP





L'énergie... oui c'est difficile, on en a tellement usé, jusqu'à la moelle. Batterie à plat. Difficile de retrouver la pleine charge, et quand on a l'impression que c'est bon, un rien la vide.


Reconnaissance de la responsabilité de l'entreprise... oui... qu'est-ce qui bloque? Dans le reportage,la 'culture de l'impunité' est évoquée. 


Danièle Linhardt : 'Ce qui se joue au travail, c'est au niveau (...) de la façon dont les salariés peuvent influer sur leur organisation du travail, sur leurs conditions de travail, leurs objectifs. Est-ce qu'ils sont entendus? C'est ça la vraie question.'
N'hésitez pas à taper le nom de cette sociologue du travail sur votre moteur de recherche. Ce qu'elle dit est très réaliste, j'ai assisté à l'une de ses conférences dans le cadre du festival 'Filmer le travail' à Poitiers, je trouve ce qu'elle dit très juste.


'Une perte de savoir faire pour l'entreprise'... 


Nier le problème ne le fait pas disparaître

'la mécanique burn out' - France 5 - très juste

très bon reportage 'la mécanique burn out' France 5

Merci à Elsa Fayner pour ce reportage de grande qualité. Je m'y retrouve complètement. 
La présence de Danièle Linhart, sociologue du travail, et de Robert Neuburger, psychiatre, et leur analyse participe à la compréhension du burn out et à l'apaisement de ma colère!! ;-)

La suite de l'émission avec le débat et la présence de Marie Pezé qui parle de qualité du travail plutôt que de qualité de vie au travail... Je suis totalement d'accord. 

débat à la suite 'Le monde en face'


Quand le dynamisme masque le burn out aux yeux des autres...

Je me souviens... quatre mois avant mon arrêt. 

A ce moment là, je vois ma médecin généraliste toutes les semaines, comme un psy. C'est elle qui me l'a proposé. 

Je n'en peux plus, mais j'ai encore assez de force pour faire semblant au travail. Je passe le peu d'énergie qu'il me reste à faire mon travail consciencieusement, avec le sourire. 
Je me souviens encore entendre ma responsable RH dire à mon encadrant en me regardant charger ma voiture : 'Sylvie, c'est la joie de vivre incarnée'. Là, j'ai pris conscience du décalage entre ce que j'étais à l'intérieur et ce que je dégageais. Même à bout, je gardais le sourire, le peps. Par souci de ne pas déranger, de ne pas inquiéter et d'être agréable. Jusqu'au bout. 

Au bout de quatre mois, ma médecin m'a dit : 'Pour vous, votre travail est un punching-ball. Je ne peux pas changer votre entreprise, alors je vous enlève'. 

Et là, le masque tombe. Plus besoin de faire semblant chaque matin, puisque je reste à la maison. Soulagement de ne plus compter les minutes avant de partir, de ne plus faire celle qui va bien et qui sourit alors qu'à l'intérieur, elle est en vrac. 
Envie de dormir, de ne voir personne. Le dynamisme s'écroule. 

Honte. Oui, j'ai honte de ne plus être en capacité de travailler, alors que je suis quelqu'un de volontaire et de dynamique. 
L'extérieur, ma situation, est devenue raccord avec mon intérieur émotionnel. 
Vrac, chaos, champ de ruines. Voilà mon ressenti. 
Moi qui étais dynamique, toujours partante, à proposer des solutions, rarement découragée, qui relativisait facilement. Je ne peux plus. 
J'ai beau vouloir, quelque chose s'y refuse. Le corps n'a plus d'énergie. Et le mental ne sait plus pourquoi il devrait continuer à faire des efforts. Pleurs. 


On lit souvent que l'entourage s'aperçoit du burn out mais que la personne concernée le nie. Dans mon cas, ça ne s'est pas passé exactement comme ça. 
Même si mon conjoint l'a vu bien avant moi, je me suis vue descendre, petit à petit. J'ai envoyé des s.o.s à ma hiérarchie, subtilement puis plus directement.  J'ai cherché le dialogue. Voyant qu'il n'y avait pas de réponse adaptée, j'ai fui en changeant de bureau et en sombrant peu à peu.

La demande, la lutte, la fuite, le repli. Voilà pour moi les solutions  que j'ai cru trouver. Chimères.

Moralité : si c'était à refaire, je ne mettrais pas 'tous mes oeufs dans le même panier'. Je garderais une partie de mon dynamisme pour mes proches, mes loisirs, mes voyages et je ne dirais plus oui systématiquement à chaque service demandé au nom de la flexibilité. 

Adaptable, oui, suradaptée, non. 

La priorité est de se respecter soi-même tout en respectant l'Autre.

Comme on dit en CNV (Communication Non Violente), quand je dis non, à quoi je dis oui? Et vice-versa. 

Quand je dirai non à une demande, je saurai que je ME dis oui. 
Je m'autorise à me dire oui quelquefois, pour mon bien-être. 
C'est important. C'est une chose que j'ai comprise et dont je veux me souvenir. 
C'est une protection.

Petit conseil CNV : quand vous dites non, ne culpabilisez pas. C'est un non à la demande, pas à la personne. 
Et pensez que votre non est justifié, car il vous permet de vous dire oui à vous. 
Et quand vous direz oui à une demande, ce ne sera pas un sacrifice, ce sera un vrai oui.